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L'Haridon

L'Haridon

Des toiles de lin aux toiles du Louvre, découvrez l'histoire d'un nom. Prenant racine sur les terres et rivages de Cornouaille et Léon (dans le Finistère), le nom L'Haridon s'exporte jusqu'aux terres australes. Une baie australienne découverte en 1801 est ainsi nommée en l'honneur du médecin de l'expédition Baudin. En 1830, la branche de Penguilly L'Haridon hisse ce nom au titre de Baron. Puis le peintre Octave, apprécié de Napoléon III, assure la renommée du nom par la signature de ses tableaux exposés alors au palais du Louvre.

Gens d'armes

Publié le 13 Mars 2021, 10:23am

1590 : "Lharidon (...) capitaine ligueur, tué par les royaux à l'attaque de Carhaix en 1590." (Nobiliaire et armorial de Bretagne, par Pol Potier de Courcy)

"Entreprise sur Carhaix et saccagement d'icelle par les royaux.

Cette troupe assez gaillarde de royaux, composée de gentilshommes de Saint-Brieuc, (…) Guingamp, (…) et autres places de leur parti, était conduite par les sieurs de Kergoumarc'h, du Liscoët, (…) et autres, tous gens de main qui avaient grande envie de mordre (…). Or, voyant que celle de Kerouzéré leur échappoit, à leur regret, ils en imaginèrent incontinent une autre, ne voulant se séparer les uns des autres à si bon marché.

Ils ont avis que Carhaix n'était pas fort, n'étant clos que de barrières et chétives murailles, sans aucune garnison, et qu'il y avoit des noces d'un des principaux de la ville, et que, à cette occasion, chacun y auroit apporté le plus beau de son meuble, car il en avoit caché et transporté partie à Concarneau et à Quimper dès le commencement de la guerre, pour faire honneur à la fête, et qu'il y avoit de quoi faire bon nombre de prisonniers.

(…)

Le lendemain, ils y demeurèrent au pillage qui fut grand, parce que chacun y avoit apporté ce qu'il avoit de plus beaux ameublements, pour honorer les noces (…). Plusieurs habitants furent prisonniers (…).

Cette surprise fut un samedi matin, et incontinent qu'ils furent maîtres de la ville, le capitaine la Tremblaye prit partie des troupes et s'en va croyant prendre le seigneur de Kerjolis qui étoit en sa maison du Kergoët, une petite demi-lieue de Carhaix, du côté de Quimper. Ce seigneur étoit riche, bien ameublé et qui avoit en son écurie neuf à dix belles paires de chevaux, et pouvoit payer rançon de neuf ou dix mille écus, outre le pillage de la maison, et c'est pourquoi ils avoient bonne envie de lui mettre la main sur le collet. Mais il avoit déjà été averti par la retraite de quelques fuyards de la ville, si bien que l'ennemi le trouva sur ses gardes avec quinze ou vingt, tant gentilshommes que serviteurs de sa maison, qui reçurent à bonnes arquebusades l'ennemi ; et, quelques efforts qu'ils fissent l'espace d'une heure, ne purent forcer ceux du dedans et furent obligés de se retirer à Carhaix, avec perte de douze ou quinze de leurs hommes. Mais ledit seigneur de Kerjolis, craignant qu'ils ne dussent retourner avec de plus grandes forces, envoie de grand matin un sien gentilhomme en diligence, au Granec, lors bonne et forte place, où il y avoit garnison de trente ou quarante hommes, demander secours du lieu, qui lui envoie promptement dix arquebusiers. Le surplus demeura pour la garde de la maison, où j'étois ce jour-là d'aventure.

Le samedi matin, le bruit courut en peu de temps par tout le pays, le tocsin fut sonné par toutes les paroisses, et les paysans se mirent incontinent sous les armes, de toutes parts s'acheminant à Carhaix sans ordre ni discipline de guerre. Plusieurs des gentilshommes, peu expérimentés et se fiant trop en l'assistance de la commune, allèrent avec eux. Il en passa de grandes troupes par le Granec, demandant d'être conduits par le seigneur qui n'en voulut rien faire, mais leur bailla un vieux soldat gentilhomme nommé Lanridon, qui accepta volontairement la charge pour ceux de Plounévez-du-Faou, conduits aussi en partie par le sieur du Cleusiou Roudoumeur. Arrivés qu'ils furent au pont du moulin du duc, demi-lieue de Carhaix vers l'occident, ils barricadèrent le pont d'une grande tranchée et autres matériaux qui étoient battants pour empêcher l'ennemi de passer outre. S'ils eussent voulu s'y tenir, comme leur conseillait la noblesse, et entre autre ce Lanridon expérimenté capitaine ! D'autre part, les royaux, pour les attirer à jeu, firent voltiger quinze ou vingt cavaliers à leur vue, à la portée du mousquet, et cependant ils avoient leur gros de cavalerie en un chemin creux un peu plus loin. Les paysans, voyant qu'ils étoient si peu, ne songeant pas à la ruse qu'on leur tramoit, font un grand cri, s'entr'encourageant de donner la charge ; mais Lanridon leur remontre que ce n'étoit qu'une amorce pour les attirer hors de leur tranchée et puis après avoir meilleur marché d'eux ; qu'ils devoient être persuadés que c'étoient gens de guerre et que les avant-coureurs ne s'avançoient pas qu'ils n'eussent gens en embuscade en ce chemin creux, ce qui étoit véritable, et les prioit de demeurer en leur tranchée, qu'ils pouvoient garder sans pouvoir y être forcés. Mais cette paysantaille, au nombre de trois cents contre un, lui dirent qu'il avoit peur, mais, puisqu'il étoit leur capitaine, qu'il marcheroit devant, et qu'il lui valoit autant mourir de la main de l'ennemi que de la leur ; et, ce disant, lui piquoient les fesses de la pointe de leurs fourches de fer, menaçant de le tuer s'il ne marchoit. Lanridon, voyant que c'étoit faire le saut, leur dit : "Ce n'est pas la peur qui me fait ainsi parler mais c'est votre perte et celle du pays ; toutefois, puisque vous le voulez, j'irai accompagner votre malheur et le mien, car peu de nous en retournerons." Et, en disant cela, passant la barricade à la foule et en confusion, comme si c'eût été à une soule à qui seroit le plus tôt, et poussant un grand cri, comme à la hue du loup, courant vers les cavaliers qui se montroient dans le champ, qui, feignant la peur, se retirent à grands pas pour attirer les paysans à l'endroit de l'embuscade, qui suivirent de plus en plus, pensant déjà avoir ville gagnée. Mais ils n'allèrent guère loin que cette embuscade de quatre à cinq cents chevaux vint à paraître, partie devant eux et partie en flanc, qui leur coupe chemin et défont tous ceux qui s'étoient avancés hors de la barricade, ou les contraint à se jeter dans la rivière, où il s'en noya beaucoup, dont ledit Lanridon fut un des morts, que je fus le lendemain enterrer à Collorec, trève de Plounévez."

(Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les Guerres de la Ligue en Bretagne)  

Contexte

"L'année suivante, en 1590, l'orage qui menaçait depuis quelque temps, éclatait dans le Poher. Une troupe de Royaux des évêchés de Tréguier et de Saint-Brieuc, marchant au secours du château de Kerouzéré , apprit en route la reddition de cette place. Elle comptait environ 500 hommes qui, à cette nouvelle, se dirigèrent sur Carhaix : la ville fut prise le 5 septembre 1590 et mise à sac. Cet exploit accompli, les Royaux se retirèrent dans leurs garnisons de Quintin et de Moncontour. Mais, vers le milieu de novembre suivant, ils revinrent à Carhaix, qui eut plus encore à souffrir que de leur première visite.

L'un de leurs chefs était Yves du Liscoët. (...) C'était l'homme des coups de main, saisissant l'occasion dès qu'elle se présentait. (...) Certainement il avait pillé en Poullaouen, le Tymeur, château appartenant à Vincent de Ploeuc. (...)

La présence à Carhaix de Royaux commandés par un chef aussi entreprenant inquiétait les garnisons des châteaux comme Le Kergoat et Le Grannec ; elle ne pouvait que répandre la terreur dans les campagnes. Les paysans résolurent donc de s'en débarrasser.

Deux attaques successives aboutirent à deux défaites. Les paysans de Plonévez-du-Faou, Landeleau et Cléden-Poher ouvrirent les hostilités contre du Liscoët. Ils étaient conduits par un gentilhomme de la trêve de Collorec, Lanridon (plutôt Lharidon). C'était un vieux soldat, mais il ne put se faire obéir de ses hommes : il mourut très courageusement avec un grand nombre d'entre eux, près du pont du Moulin-du-Duc [aujourd'hui Moulin-du-Roi, en Plouguer, près de Carhaix], dans une embuscade tendue par l'ennemi.

(...)

Le château du Grannec, construit au milieu du XVIe siècle par Guillaume de Coatanezre, appartenait en 1592 à son fils Vincent de Coatanezre, sieur du Grannec et de Prat­maria. Ancien soldat, il avait, en 1576, repris Concarneau sur les Calvinistes, qui s'en étaient emparé par surprise. Il avait fortifié le Grannec et y entretenait une garnison de 15 à 20 hommes. Il put même envoyer un secours de dix arquebusiers au Kergoat, menacé par du Liscoët, lors de la prise de Carhaix. D'humeur plutôt pacifique, il avait éconduit les paysans qui lui demandaient de se mettre à leur tête pour combattre du Liscoët et leur avait désigné Lanridon, sans doute l'un de ses compagnons d'armes."

(Bulletin de la Société archéologique du Finistère, volume XXXVII, 1910)

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Guillaume L’Haridon (1627-1677), sergent royal général et d’armes

Il est le fils d'honorable femme Catherine Le Moulin. >> voir Pleyben

 

1652-1675 : notaire royal de la sénéchaussée de Châteaulin, de la vicomté du Faou et de la seigneurie de Trésiguidy.

1659 : sergent royal général et d'armes établi à Quimper-Corentin.

"Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre (…) pour le bon et favorable rapport qui nous a été fait de la personne de (...) Guillaume Lharidon (…) avons donné et octroyé (…) l’office de sergent royal général et d’armes en Bretagne établi à Quimper-Corentin (…)"

 

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Olivier L’Haridon (1644-), sieur de Kerandraon, lieutenant de la milice paroissiale (1689), cavalier de l'arrière-ban de l’évêché de Cornouaille (1694)

Il est le fils de Vincent L'Haridon, sieur de Penanros, et Renée Capitaine. >> voir Châteauneuf-du-Faou

 

1689 : lieutenant pour sa majesté de la milice des paroisses de Châteauneuf-du-Faou et Plonévez-du-Faou.

[en 1688, au commencement de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, le secrétaire d'État à la Guerre, le marquis de Louvois, initie une levée de miliciens provinciaux afin de seconder les troupes réglées dans les places de garnison, voire au combat.]

 

1694 (7 juin) : cavalier de la 11e compagnie à la revue passée par le lieutenant-général et futur maréchal de Vauban (compagnies du Ban et Arrière-Ban de l’Evêché de Cornouaille)

[Ces cavaliers remplaçaient les anciens hommes d'armes, ou lances fournies, et ils portaient le titre de maîtres; ils étaient gentilshommes et avaient chacun à leur suite et à leur solde particulière quatre autres cavaliers armés]

 

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Nicolas L’Haridon (1647-), gardien des vaisseaux du Roi à Rochefort

Il est le fils de Jan L'Haridon, sieur de Coadour, et Catherine Gourmelon. >> voir Le Faou

 

1684 : "gardien des vaisseaux du Roy, natif du bourg du Faou en Basse Bretagne"

1695 : "gardien entretenu en ce port" (registre des mariages de Rochefort)

 

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Thomas L'Haridon (1650-1708), matelot et maître canonnier 

1692 : "Thomas L'Haridon à présent sur les vaisseaux au service de sa majesté"

1708 : sépulture à Quimper-Locmaria de Thomas L'Haridon, matelot et maître canonnier, âgé de 58 ans.

 

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Vincent L’Haridon (1662-1699), capitaine du Faou

Il est le fils de Vincent L'Haridon, sieur de Gorrequer, et Perrine Le Bourchis. >> voir Le Faou

 

1699 : sépulture au Faou de Vincent Joseph L'Haridon, capitaine du Faou, âgé de 36 ans.

 

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François L’Haridon (1664-1699), sieur de Kerallain, cavalier de l'arrière-ban de l’évêché de Cornouaille (1694)

Il est le fils de Vincent L'Haridon, sieur de Penanros, et Renée Capitaine. >> voir Châteauneuf-du-Faou

 

1694 (7 juin) : cavalier de la 11e compagnie à la revue passée par le lieutenant-général et futur maréchal de Vauban (compagnies du Ban et Arrière-Ban de l’Evêché de Cornouaille)

[Ces cavaliers remplaçaient les anciens hommes d'armes, ou lances fournies, et ils portaient le titre de maîtres; ils étaient gentilshommes et avaient chacun à leur suite et à leur solde particulière quatre autres cavaliers armés]

 

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François Sébastien L’Haridon (1733-1803), sergent major de la 4e compagnie du 2e bataillon des canonniers volontaires (1797)

Il est le fils de François L'Haridon et Marie Le Doll. >> voir Douarnenez

 

1797 : François Bayot, "lieutenant de la 4e Compagnie du 2e bataillon des canonniers volontaires en garnison en cette place", "assisté du citoyen François Sébastien L'Haridon, sergent major de ladite Compagnie âgé de 64 ans (...) tous deux domiciliés en cette commune" (registre d'état civil de Douarnenez)

 

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Corentin Marie L’Haridon (1750-1834), sieur de Kernaourlan, brigadier de la gendarmerie nationale

Il est le fils de Jean François L'Haridon, sieur de Penguilly, et Françoise Magdeleine Le Lièvre. >> voir Rosporden

 

1789 (août) :élu major de la Garde nationale à Rosporden.

Comme partout en France, la prise de la Bastille, puis la suppression des droits féodaux, dans la nuit du 4 août 1789, excitèrent l'enthousiasme de la population de Rosporden. Le 30 août, elle accomplissait à son tour sa petite révolution. A 1 h. de l'après-midi, bourgeois et habitants s'assemblèrent sous les halles. A la pluralité des voix et à l'acclamation de l'Assemblée, ils élurent un « Comité de Conseil permanent » de 12 membres, qui se substitua au « Général » de la paroisse. Puis, de concert avec le « Comité », l'Assemblée commença l'élection des officiers, de la Garde nationale qui furent : Major : Corentin Lharidon de Kernaourlan.

 

1789-1791 : suppression des "droits de hallage" et intégration dans la Gendarmerie nationale.

Rosporden. Les halles avaient été afféagées, en 1698, à Julien Le Lièvre, Sans doute par héritage, elles appartenaient, en 1789 à Madame de Penguilly L'Haridon, C'est donc elle qui touchait alors les « droits de hallage », des commerçants qui y étalaient leurs marchandises. Elle estimait à 2.000 livres, le profit annuel qu'elle en retirait. Après la suppression des Droits féodaux, dans la nuit du 4 août 1789, les marchands prétendirent ne plus acquitter les droits de place. La municipalité leur rappela qu'en justice on ne pouvait utiliser une propriété privée sans verser une redevance. Cependant ces " droits de hallage " furent supprimés par l'Assemblée Nationale. Alors, le 6 janvier 1791, L'Haridon de Kernaourlan, fils de Madame de Penguilly, demanda une place dans la Gendarmerie Nationale, pour compenser le dommage qu'il avait subi. Il devint brigadier à Rosporden.

 

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François Marie Pierre Louis Penguilly L’Haridon (1783-1867), commissaire des guerres de la Vieille Garde impériale, sous-intendant militaire à Lorient 

Il est le fils de Pierre Yves Penguilly L'Haridon et Marie-Jeanne Charpentier. >> voir Quimper

 

Intégrant l’armée napoléonienne, il est tout d’abord sous-chef à l'administration des contributions indirectes, avant d’être nommé, le 12 mars 1812, adjoint aux commissaires des guerres employé près la division de la Vieille Garde.

Il participe à 4 campagnes : Moscou (1812), Dresde (1813), France (1814) et Waterloo (1815). Le 5 janvier 1815, il devient commissaire des guerres de la Vieille Garde impériale. 

En 1817, Louis XVIII supprime le corps des commissaires de guerres et crée celui de l’intendance militaire, constituée uniquement d’officiers.

 

Admis sous-intendant, il rejoint provisoirement le corps auxiliaire (1821-1822) avant de prendre poste durablement à Lorient (1823-1838).

Dans l’état-major de sa division, la 13ème, il prend rang immédiatement après les colonels. Il est assimilé, dans la hiérarchie militaire, au grade de lieutenant-colonel.

En 1839, il fait valoir ses droits à la retraite, après 31 ans de services effectifs.

>> voir le Baron de Penguilly L'Haridon

 

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Octave Penguilly L’Haridon (1811-1870), lieutenant-colonel de l’artillerie

Il est le fils du Baron de Penguilly L'Haridon et de Louise Marie Labiche. 

 

Le 23 octobre 1831, il est admis à l'École polytechnique et rejoint en 1833, en qualité de sous-lieutenant, l'École d'application d'artillerie à Metz.

Sorti lieutenant le 1er octobre 1835, il devient capitaine le 21 novembre 1841 et commande la 7e batterie du 7e régiment de 1848 à 1852.

Rejoignant ensuite l'École polytechnique (1853-1854) en tant qu'inspecteur des études, il est nommé, en 1856, conservateur du musée de l'Artillerie, en remplacement de Félicien de Saulcy, admis en retraite. Promu chef d'escadron le 14 mars 1860, il termine sa carrière militaire en étant nommé, le 21 décembre 1866, au grade de lieutenant-colonel.

>> voir sa biographie d'artiste peintre

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