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L'Haridon

L'Haridon

Des toiles de lin aux toiles du Louvre, découvrez l'histoire d'un nom. Prenant racine sur les terres et rivages de Cornouaille et Léon (dans le Finistère), le nom L'Haridon s'exporte jusqu'aux terres australes. Une baie australienne découverte en 1801 est ainsi nommée en l'honneur du médecin de l'expédition Baudin. En 1830, la branche de Penguilly L'Haridon hisse ce nom au titre de Baron. Puis le peintre Octave, apprécié de Napoléon III, assure la renommée du nom par la signature de ses tableaux exposés alors au palais du Louvre.

Terres et manoirs nobles

Publié le 13 Mars 2021, 10:14am

Terre et lieu noble de Kervasain (Plonévez-du-Faou)

L'histoire de la seigneurie de Kervasain est connue à partir de Mahé Le Forestier, sieur de Kervasain, marqué au rang des nobles de Plonévez-du-Faou en 1481, ayant comparu aux montres tenues cette année-là par son fils Guillaume.

En 1536, la maison de Kervasain est marquée au rang des nobles, et dans les montres tenues cette année-là, Mahé Le Forestier, sieur de Kervasain, est marqué avoir comparu à cheval.

Un partage noble de 1521 précise que Mahé Le Forestier, second du nom, écuyer, sieur de Kervasain, est le fils aîné, héritier principal et noble d’écuyer Guillaume Le Forestier, qui était lui fils aîné, héritier principal et noble de feu Mahé le Forestier, premier du nom.

En 1541, Mahé Le Forestier, second du nom, rend aveu de son manoir noble de Kervasain, à lui échu de la succession de son père, et institue Bertrand Le Forestier, son fils aîné, pour présenter ledit aveu à la Chambre et faire foi, hommage et serment de fidélité.

En 1574, une transaction de Jean Le Forestier, écuyer, sieur de Kervasain, suite au décès de sa sœur sans hoirs de corps, mentionne Bertrand Le Forestier, leur père, et Mahé Le Forestier leur ayeul.

Son fils, Nicolas Le Forestier, baptisé en 1567 à Plonévez-du-Faou, se marie en 1586. Il a une fille, Anne, et décède quelques années plus tard.

En 1599, Allain Le Forestier, frère de Nicolas, succède « noblement et collatéralement » à sa nièce, fille et seule héritière de son père.

Son fils unique, Guillaume Le Forestier décède sans hoirs de corps.

La succession se trouve alors dans la descendance de Nicolas Le Forestier, fils puîné de Mahé, second du nom.

Son fils, Guillaume, notaire de Léon et de Daoulas à Landerneau, étant déjà décédé, c’est le fils aîné de ce dernier, Nicolas Le Forestier, qui succède en ligne collatérale.

Les descendants de cette branche puînée se voient reconnaître en 1671 nobles, issus d’extractions nobles, et légitimes à prendre la qualité d’écuyers.

 

En 1636, Catherine Le Forestier, dame de Kervasain, veuve de feu Charles L’Haridon de Landerneau, déclare posséder le manoir de Kervasain (Plonévez-du-Faou). Elle avait acquis en 1623 la part vacante de la succession de son frère.

Son fils Olivier L’Haridon, notaire royal et marchand à Audierne, est sieur de Kervasain.

A la mort de ce dernier, le domaine est vendu à François de Rosily, seigneur de Méros, et son épouse Catherine de la Motte, dame de la Vallée.

En 1678, Mathurin de Rosily, seigneur de Méros, Le Moustoir, Kervasain (et autres lieux) déclare la terre et lieu noble de Kervasain, contenant manoir, maisons, cours, jardins, vergers, colombier, bois de haute futaie. Le domaine comprend également un moulin affermé, des lieux et villages en domaines congéables, ainsi que le manoir et lieu noble de Trodon.

 

Lieu et manoir noble de Keranmoal (Châteauneuf-du-Faou)

Le manoir de Keranmoal (aussi appelé Keramoal) est un manoir datant du XVIIe siècle, dont subsiste une tour du XIVe siècle, se trouvant dans la commune de Châteauneuf-du-Faou.

 

Les origines du domaine ne sont pas connues. La terre de « Keranmoual » appartenait en 1536 à Jean du Quélennec. Le manoir actuel est daté du XVIIe siècle, toutefois un manoir existait dès 1540, possédé par Gilles de Botmeur et Marie du Quélennec, seigneur et dame de Kernezre.

En 1622, la famille Capitaine fait l'acquisition de la seigneurie. Maître Guillaume Capitaine, sieur de Keranmoal, est bailli de Gourin en 1627, bailli de la Cour de Châteauneuf-du-Faou en 1629, appelé à l’arrière-ban de Cornouaille en 1636.

Son fils, François Capitaine, prêtre et sieur de Keranmoal, et ses filles Marie et Renée Capitaine héritent du domaine.

Renée Capitaine s’installe au manoir avec son mari Vincent L’Haridon, sieur de Penanros, procureur du roi aux juridictions royales de Châteauneuf-du-Faou, Huelgoat et Landeleau.

En 1675, la Révolte des Bonnets rouges n’épargne pas Châteauneuf-du-Faou. L’histoire locale garde le souvenir de paysans en colère pillant et brûlant le château de Keranmoal.

L’importance des dégâts n’est pas connue. Le domaine continue d’être habité dans les années qui suivent, notamment par les enfants L’Haridon.

Une épidémie sème la mort parmi quatre d’entre eux en 1699, en particulier Guillaume L'Haridon, sieur de Keranmoal, et à la suite de son père, procureur du roi aux juridictions royales de Châteauneuf-du-Faou, Huelgoat et Landeleau.

 

Au XVIIIe siècle, plusieurs propriétaires sont répertoriés, ne détenant qu’une partie du domaine, à la suite de partages de successions et de rachats. Des aveux pour le lieu et manoir noble de Keranmoal sont rendus par : Vincent L’Haridon, sieur de Kerallain, écrivain de la Marine, en 1754, pour la moitié du manoir ; Claude du Pays, sieur de Kerjegu, en 1759 ; J. Dieulangar en 1772 ; les filles de Vincent L'Haridon en 1774, après le décès de leur père.

Parmi les autres propriétaires du manoir de Keranmoal, sont cités : François de Kerros, Bertrand de Tronjoly, Furic de Kerezelec (en 1717), Le Bihan du Rumen, Lostie de Kerhor (en 1806).

À l’approche de la Révolution française, Charles Le Bihan du Rumain, avocat à Châteauneuf-du-Faou, époux d’Ursule Etiennette Furic de Kerezec, demeure au manoir de Keranmoal. Il était l’administrateur des biens de la famille de Rosily jusqu’en 1789.

En novembre 1804, Anne Henriette de Rosily, Marquise de Lambilly, s’installe au manoir de Keranmoal.

 

Avant la Révolution française, le domaine de Keranmoal est un lieu et manoir noble relevant du roi, tenu prochement et noblement sous la Cour royale de Châteauneuf-du-Faou, sujet à devoir de foi et hommage, lods et ventes, et rachats le cas échant.

En 1681, Marie Capitaine donne cette description du lieu et manoir noble de Keranmoal : « ayant ses maisons, écuries, crèches, couvertes d’ardoises, cour close, jardin, vergers, rabines, four et fontaine, contenant 2 journaux de terre ».

En 1754, Vincent L’Haridon, sieur de Kerallain, possédant un tiers du lieu noble de Keranmoal rend aveu et dénombrement de ses héritages. Le descriptif du domaine qu’il fait mentionne également un courtil à chanvre, une porte cochère, des bois, garennes, parcs et prés fauchables.

La chefrente s’élevait à quatre deniers tournois.

 

Domaine du Moros érigé en majorat (à Concarneau)

Le manoir du Moros est un manoir datant du XVe siècle, se trouvant dans la commune de Concarneau.

Il a été construit en 1477 pour servir de résidence aux capitaines de Concarneau, compte tenu de sa position stratégique en surplomb du port. La châtellenie du Moros comprend alors le Grand Moros (l'actuel manoir et son domaine), le Petit Moros (dont les pierres de la bâtisse médiévale, détruite au XIXe siècle, ont servi à construire l'actuelle Ferme du Moros), deux moulins et des terres allant jusqu'à Kerrichard, dont l'Eglise Notre-Dame-de-Lorette de Lanriec, contemporaine du manoir.

 

Le domaine a notamment appartenu de 1635 à 1637 à Augustin de Beaulieu (1589-1637), explorateur de la marine royale et homme de confiance de Richelieu, de 1651 à 1688 à Abraham Duquesne (1610-1688), lieutenant général des armées navales de Louis XIV, de 1728 à 1810 à la famille de Perier (Antoine Alexis de Perier de Salvert et sa descendance), de 1822 à 1855 à la famille de Penguilly L'Haridon (qui fait ériger les terres du Moros en majorat) et de 1865 à 1893 à Zénaïde Ivanovna Narychkine (1809-1893), veuve du prince russe Boris Nikolaïevitch Ioussoupov (†1849), remariée en 1861 à Charles de Chauveau (1829-1889), ancien chef de cabinet du grand chambellan de Napoléon III, le duc de Bassano. Charles de Chauveau et son épouse étaient également propriétaires du château de Kériolet à Beuzec Conq (commune de Concarneau depuis 1945).

 

Majorat (1830-1855)

En 1822, Pierre Yves Penguilly L'Haridon (1749-1826), juge au tribunal de première instance de Quimper, acquiert le domaine et manoir du Grand-Moros à Concarneau.

En 1829, son fils François-Marie Penguilly L'Haridon (1783-1867), sous-intendant militaire à Lorient, achète le Petit Moros. 

Autorisé par ordonnance royale du 26 août 1829, et conformément à la volonté de son père, il fait alors ériger en 1830 l'ensemble du domaine du Moros en majorat auquel est attaché le titre de baron. Il obtient le 16 avril 1830 les lettres patentes, signées du roi Charles X, instituant ce majorat, qui perdurera jusqu'en 1855.

 

L’énumération des biens formant la dotation du majorat donne une description détaillée du domaine, de 94 hectares à cette période :

  • Le manoir du Grand Moros, ayant jardin, cour, basse-cour, vastes écuries, remise, hangar, chapelle, colombier, retenues en terres labourables, prairies, produisant net 700 francs.

 

  • Les bois de haute futaie, en ormeaux, chênes, châtaigniers, hêtres, frênes, au nombre de plus de 12 000, produisant net 1 040 francs.

 

  • La métairie dudit manoir, produisant net 425 francs.

 

  • La métairie haute, produisant net 425 francs.

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  • La métairie basse, produisant net 425 francs.

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  • Les terres et le manoir du Petit Moros, le jardin, une prairie de 6 hectares, un verger de 3 hectares, produisant net 300 francs.

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  • Les bois en haute futaie, sur les fossés et placîtres en chênes, châtaigniers, ormeaux, frênes, au nombre de plus de 2 000, produisant net 200 francs.

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  • La métairie du Petit Moros, produisant net 800 francs.

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  • Et celle du Sauz au Petit Moros, produisant net 700 francs.

 

Ces biens formant un seul tout, environné à l’est par l’anse du Roudouïc ; au midi par la baie de Concarneau ; à l’ouest par la rivière du Moros ; et au nord par les terres du domaine de Kandorff et autres biens de la commune de Lanriec ; contenant réunis 35 hectares de terres labourées et vergers, 33 hectares en prairies, 4 hectares en bois et 20 hectares en prés sauvages ou terres froides ; et produisant net 5 065 francs de revenu annuel.

 

***

Sources relatives à la seigneurie de Kervasain : 

Régis Valette, Catalogue de la noblesse française, Robert Laffont, 2007, p.122: ancienne extraction 1481.

La noblesse de Bretagne devant la Chambre de la Réformation 1668-1671 - Comte de Rosmorduc, 1896, tome II, p. 218-223 et p.224-226, 2013, en ligne sur Tudchentil.org, « Le Forestier, Arrêt du 14 mars 1671 » et « Le Forestier, Arrêt du 21 mars 1671 ».

Dirinon et son pays au fil de l’histoire de la Bretagne. Son histoire, ses habitants, son patrimoine religieux, ses manoirs. Par Jean-Bernard de La Brosse. Tome III, quatrième partie : les manoirs et anciens manoirs de Dirinon. Leur histoire et celle des habitants qui s’y sont succédé. Pages 158-161.

1636. L’arrière-ban. Les manoirs et leurs propriétaires. Par Hervé Torchet, éditions La Pérenne, 2018, n°334 et 410.

Henri Frotier de La Messelière, Filiations Bretonnes, Prudhomme, Saint-Brieuc, 1922, T.II, p.328.

Déclaration et dénombrement de Mathurin de Rosily, 1678, Archives nationales, Terriers des domaines de Bretagne.

 

Sources relatives au manoir de Keranmoal

Châteauneuf-du-Faou, par l’amiral Laurent, éditions Jacques Damase, 1953, page 11.

Châteauneuf-du-Faou, Découverte - Patrimoine - L'ancien manoir de Keranmoual.

Archives départementales de la Loire-Atlantique, Sommaire de la série B, Chambre de la cour des comptes de Bretagne, page 378 – Liasse de pièces parchemin, cote B 1179.

La sénéchaussée de Châteauneuf-du-Faou (…), par Raymond Delaporte. Page 176 de la thèse.

Nobiliaire et Armorial de Bretagne, par Pol Potier de Courcy, 1890, tome 1, page 200.

Déclaration et dénombrement des terres, maisons et héritages de Marie Capitaine, 1681, Archives nationales, Terriers des domaines de Bretagne.

Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, archives anciennes, Parlement de Bretagne, Greffe, Dossier 2 E L/298.

Ville de Châteauneuf-du-Faou, « Histoire de Châteauneuf du Faou ».

Centre de Généalogie du Finistère, base RECIF.

Bulletin municipal de Châteauneuf-du-Faou, n°35, été 2017, pages 14-15.

Aveu et dénombrement (…) de Vincent L’Haridon, pour le manoir et domaine noble de Keranmoal, 1754, Archives départementales de Loire-Atlantique, série B, Chambre de la cour des comptes de Bretagne, cote B 1179.

 

Sources relatives au domaine du Moros :

« Le Moros, ses manoirs et son histoire. » 

Archives nationales, dossier n° 2217 X6, cote BB/11/647/A.

Archives nationales, Lettres patentes du 16 avril 1830, cote BB/29/1070, page 88.

Duquesne aux Moros, par Léon-Eugène Véron, 1894.

Le patrimoine des communes du Finistère, Paris, éditions Flohic, 1998.

« Étymologie et histoire de Concarneau », Roger Frey

Bulletin des lois de la République Française, vol. 12, Imprimerie nationale, 1830.

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