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L'Haridon

L'Haridon

Des toiles de lin aux toiles du Louvre, découvrez l'histoire d'un nom. Prenant racine sur les terres et rivages de Cornouaille et Léon (dans le Finistère), le nom L'Haridon s'exporte jusqu'aux terres australes. Une baie australienne découverte en 1801 est ainsi nommée en l'honneur du médecin de l'expédition Baudin. En 1830, la branche de Penguilly L'Haridon hisse ce nom au titre de Baron. Puis le peintre Octave, apprécié de Napoléon III, assure la renommée du nom par la signature de ses tableaux exposés alors au palais du Louvre.

Pleyben

Publié le 13 Mars 2021, 10:50am

Catégories : #Bretagne

Pleyben

"Pleyben, aux riches terres agricoles, est réputé pour son élevage, ses cultures de céréales et ses nombreuses foires qui ont lieu plusieurs fois par an dès le 16e siècle. Cette richesse se reflète, à travers le mécénat, dans l'architecture religieuse comme en témoigne l'enclos paroissial, un des plus ostentatoires de Bretagne."

Faits chronologiques

1524 : Minu et déclaration des terres, rentes (...) appartenant à noble et puissant Charles du Quélennec, vicomte du Faou.

Autres tailles et convenants dus audit vicomte en la paroisse de Pleyben. 

Le village du Lesguen, Thomas Le Haytet du lieu où il demeure audit village 30 sols.

Nouel Morvan du lieu où il demeure (...)

Jehan Haridon de taille du lieu où il demeure 25 sols.

 

1543 : Description et dénombrement des terres, rentes (...) de haut et puissant Jean, baron du Pont, vicomte du Faou (...) 

Autres tailles et convenants dus audit baron en la paroisse de Pleyben.

Le lieu où demeure Guillaume Le Hettet au village de Lesguen pour 30 sous.

Item audit village le lieu où demeure Yvon Morvan pour 30 sous.

Item audit village le lieu où demeure Jehan Le Haridon pour 25 sous.

 

***

1550 : "En 1550, le 6 septembre, Derien, sieur de la Boissière, fonde en la chapelle de Garz-Varia une chapellenie qui est donnée à Guillaume L'Haridon, prêtre."

***

1596 : Jan L'Haridon est fait prisonnier à Quimper avec d'autres bourgeois de la paroisse de Pleyben pour le paiement des fouages venant s'ajouter à l'impôt établi pour les garnisons royales déjà acquitté par les paroissiens, dans le contexte des guerres de la Ligue. >> voir le récit des événements

 

***

1637-1638 : Michel L'Haridon est fabrique de l'église de Pleyben (livre des comptes de fabrique).

 

***

> Maître Guillaume (L')Haridon (1627-1677), sergent royal général et d'armes établi à Quimper-Corentin, notaire royal de Châteaulin, du Faou et de TrésiguidyIl est le fils d'honorable femme Catherine Le Moulin.

1652-1675 : notaire royal de Châteaulin, du Faou et de Trésiguidy.

Avant 1653 : mariage avec Marie Belerit, fille de Me François Belerit.

1653-1657 : il est le père de 3 filles baptisées à Pleyben.

1659 : sergent royal général et d'armes établi à Quimper-Corentin.

"Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre (…) pour le bon et favorable rapport qui nous a été fait de la personne de (...) Guillaume Lharidon (…) avons donné et octroyé (…) l’office de sergent royal général et d’armes en Bretagne établi à Quimper-Corentin (…)"

1660 : mariage à Pleyben de maître Guillaume Haridon et Louise Plessix, veuve de Me François Tasche, notaire royal, et fille de Me Charles du Plessix, notaire royal.

1661-1663 : il est le père de 2 enfants baptisés à Pleyben.

1664 : fondation en l'église de Pleyben. "somme de 16 livres 17 sols 6 deniers tournois de rente censive due par les héritiers de Guillaume Kergoat et Louis Kerchoas au village de Kerjan en la même paroisse de Pleyben transporté par Maître Guillaume Lharidon et honorable femme Catherine Le Moulin sa mère par contrat du 16 avril 1664 à l'église paroissiale de Pleyben par ce qu'on y célèbre par chacun an 2 obits l'un le jour de la fête de Sainte-Catherine et l'autre le dimanche prochain après l'enterrement dudit L'Haridon ainsi qu'il est plus amplement rapporté audit contrat pour l'acquis desquels obits et services les marguillers doivent délivrer aux sieurs recteur et prêtres la somme de 12 livres et pour autres services et obits qu'ils feront à l'intention desdits fondateurs sous l'octave de la Toussaint ils auront 30 sols et à la fabrique demeurera le surplus savoir 3 livres 7 sols 6 deniers." (déclaration et dénombrement des rentes dues à la fabrique de l'église paroissiale de Saint-Germain Pleyben en 1678)

Maisons au bourg de Pleyben

1678 : Déclaration et dénombrement que messire Pierre Lesparler seigneur de Coatcaric et La Boixière demeurant à présent dans son manoir de la Boixière paroisse de Pleyben en l’évêché de Cornouaille, tient et possède prochement et noblement du Roy (…) lesquels héritages consistent (…)

Item une tenue au bourg de Pleyben autrefois possédée par les Coadour maintenant tenue partie à titre de domaine congéable (…) la lotie possédée par demoiselle Leveneze L’Haridon demeurant en la ville du Faou paroisse de Rosnoën à titre de domaine congéable et réparable consistant pour ce que tient ladite demoiselle en une maison (…) plus le parc Kergadec (…) parc Bihan (…) le tout situé au bourg de Pleyben joignant le pourpris pour en payer l’an de la part de ladite demoiselle de rente convenancière par chacun terme de la Saint-Michel en septembre en consortie avec noble homme Olivier Le Goff, sieur de Penanjun, la somme de cinquante et cinq sols de rente, et faire et acquitter sa part des corvées et payer le droit de champart (…) de ladite terre de la Boexière (…)

Item la lotie audit convenant Coadour que tient à pareil titre et sous la même charge que Leveneze L’Haridon noble homme Olivier le Goff (…) à raison de laquelle maison et héritages ledit sieur de Penanjun est tenu payer outre contribuer aux corvées et au droit de champart (…) et toutes les autres obéissances que vassal congéable doit à son seigneur foncier.

(...)

Item déclare avoir le fief de ligence sur une maison au bourg nommée la maison blanche size au bout d’occident de la maison de défunt Rolland Leillouet (…) pour raison desquelles maisons, crèches, jardin et issue les héritiers de feu Me Guillaume L’Haridon payent par an à l’avouant au terme de Saint-Michel en septembre cinq sols de chefrente et les autres devoirs seigneuriaux.

Item déclare l’avouant avoir la seigneurie de ligence à foi, hommage et rachat sur une maisonnette et courtil nommé Ty Nevez et Liortz Nevez (…) lesdits courtils et Ty Nevez pareillement tenus par les héritiers de feu Guillaume L’Haridon pour en payer l’an à l’avouant en son manoir de la Boexière à chacun premier jour de janvier trente sols de chefrente et les autres devoirs seigneuriaux.

Item le proche fief de ligence sur la maison autrefois de Rolland Leillouet (…) ladite maison size entre la maison de maître Louis Leillouet et la maison blanche, chargé à la seigneurie de la Boexière de cinq sols de chefrente à chaque Saint-Michel et les autres devoirs seigneuriaux.

 

(Penguilly sur le cadastre napoléonien de 1813, à l'ouest du bourg de Pleyben)

Le fief de Penguilly à Pleyben

1682 : Déclaration et dénombrement des terres, héritages, fiefs, juridictions, haute, basse et moyenne (…) dépendant de la terre et seigneurie de Trésiguidy que messire Paul de Kerlech du Chastel, chevalier seigneur de Trésiguidy (…) gentilhomme ordinaire du Roy, et écuyer de ses grandes et petites écuries, tient noblement de sa majesté (…)

Suivent les droits féodaux et seigneuriaux (…) audit seigneur avouant à cause de sa dite seigneurie de Trésiguidy

Et premier en ladite paroisse de Pleyben

(...)

Pareil fief et prochaine ligence et devoirs seigneuriaux dessus le lieu de Penguilly Bihan ou Isselaff appartenant aux héritiers de maître Guillaume L’Haridon, avec un sol par an de chefrente.

 

***

> Jan Baptiste L'Haridon (1661-), sieur de Penguilly, avocat en parlement, sénéchal seul juge des juridictions de Méros, Rosily et Le MoustoirIl est le fils de Me Guillaume Haridon et Louise du Plessix.

Avant 1693 : mariage avec Marie Anne Joncour.

1693 : il est le père d'un garçon baptisé à Pleyben

1699 : mariage à Lopérec de noble homme Jan Baptiste L'Haridon, sieur de Penguilly, avocat en parlement, seul juge des juridictions de Méros, Rosily et Le Moustoir, avec Marie Charlotte de Tréouret, fille de Michel Tréouret, sieur de Penanhoas.

1700 : il est le père d'un garçon baptisé à Lopérec. "Guillaume Louis né le 18, fils légitime de noble homme Jan Baptiste L'Haridon, sieur de Penguilly, avocat en parlement, sénéchal des juridictions de Méros, Rosily et Le Moustoir, et de demoiselle Marie Charlotte de Tréouret, dame de Penguilly, ses père et mère".

1702 : mariage à Châteauneuf-du-Faou avec Marie Anne Yven, fille de noble homme Marc Yven.

1703-1706 : il est le père de 2 garçons dont le premier est baptisé à Châteaulin (1703) et le second à Châteauneuf-du-Faou.

 

***

> Maître Jean Baptiste L'Haridon (1690-1757), sieur de Penguilly, notaire au Faou (1730-1756)Il est le fils de Jan Baptiste L'Haridon et Marie Anne Joncour.

1716 : mariage au Faou de Jean Baptiste L'Haridon, sieur de Penguilly, du Faou, et demoiselle Marie Jacquette Creven, du Faou.

1717-1718 : il est le père de 2 filles baptisées au Faou.

1757 : sépulture au Faou de Jean Baptiste L'Haridon, sieur de Penguilly, âgé de 67 ans.

 

***

> Maître Mathieu L'Haridon (1693-1745), sieur de Penguilly et de Maison Blanche, notaire royal à Lennon (1719-1744)Il est le fils de Jan Baptiste L'Haridon et Marie Anne Joncour.

1717 : mariage à Lennon de Mathieu L'Haridon, sieur de Penguilly, de Lennon, et Claudine Le Paige, de Lennon

1718-1729 : il est le père de 6 enfants tous baptisés à Lennon.

1745 : sépulture à Lennon de Mathieu L'Haridon, notaire royal.

 

***

> Maître Vincent Marie L'Haridon (1703-1749), sieur de Penguilly, procureur au présidial de QuimperIl est le fils de Jan Baptiste L'Haridon et Marie Anne Yven.

1730 : mariage à Quimper Saint-Julien de Vincent Marie L'Haridon, procureur au présidial, domicilié en la paroisse de St-Julien, et Corentine Louise Corre, de la paroisse St-Julien.

1731-1749 : il est le père de 13 enfants pour la plupart baptisés à Quimper Saint-Julien. >> voir Quimper

1749 : sépulture à Quimper Saint-Julien de Vincent Marie L'Haridon, procureur au présidial de Quimper, âgé de 40 ans, marie de demoiselle Corentine Louise Le Corre. Son corps a été inhumé dans l'église de Saint-Corentin.

 

***

 

La Ligue à Pleyben

1er jour de mai 1595 : "Messires les paroissiens de Pleiben, suivant les lettres du Roy (...) je vous mande (...) sur tous les habitants des paroisses ou ville tribuables à foaiges (...) de la somme de deux cent quatre vingtz escuz o huict deniers pour livre pour droict de recepte (...) pour le paiement et solde des gentz de guerre establys en garnison en ce païs, et icelles sommes me les apporter (...) en deux termes estant le dixiesme jour de may prochain et la recepte au dernier jour de septembre suivant, et faulte à vous de faire promptement l'égal cotisation de ces temps passés, il sera prins les plus opulantz riches de vous deux ou trois et constraintctz d'en faire l'avance, sauff leur recours vers les dicts habitants des villes ou parroisses, tant par exécution de leurs biens, emprisonnement de leurs personnes (...)". 

13e jour de septembre 1595 : "Claude Rousseau commis à la récepte des foaiges et aultres deniers royaux de l'evesché de Cornoaille, confesse avoir receu des paroissiens de Pleiben par les mains de leur procureur la somme de deux cents quatre vingt neuffs escuz vingt sols à quoy monte la quotisation faict par Messieurs les Juge et Officiers de Kempertin datté le quinziesme jour d'avril dernier pour le payement et entretenement des garnisons de cest Evesché de Cornoaille et pour la présente année y comprins le droit de récepte". 

Les paroissiens de Pleyben s'étaient acquittés envers le Roi de l'impôt établi pour les garnisons, mais ils ne purent, en cette même année 1595, payer les droits de fouages, et durent subir les peines édictées par les règlements, comme le font voir les pièces ci-dessous :

22e jour de novembre 1595 : "Geolliers, vous estes chargés de la personne de Thomas Paige de la paroisse de Pleiben à l'instance de Me Claude Rousseau commis à la recepte des foaiges et d'aultres deniers royaux en Cornoaille par deffault du paiement faire au dit Rousseau des deniers des foaiges de la présente année, que le dit Rousseau a nommé domicile en sa maison et demeurance en ceste ville de Kempertin et vous respond de la despanse du dict Paige à l'ordinaire".

16e jour de mars 1596 : "Geolliers, vous estes chargés de la personne de Jan L'Haridon, du Clost, treuffve de la paroisse de Pleiben à instance de Me Claude Rousseau recpteur des foaiges et d'aultres deniers royaux de Cornoaille par deffault de paiement faire au dict Rousseau de la somme et nombre de neuff vingts douze escus trante huitct soulz cincq deniers tournois pour les foaiges de l'an dernier 1595 et au deffault du payement luy faire des foaiges du quar de janvier dernier lequel Rousseau a nommé domicile en sa maison et demeurance en cest ville de Quimper tin et vous respond de la despance du dit Laridon à l'ordinaire".

11e jour de septembre 1596 : "Geolliers, vous estes chargés de la personne de Guillaume Dumoulin à l'instance de Me Claude Rousseau, recepteur des foaiges et d'aultres deniers royaux en Cornoaille, fautte du paiement luy faire de la somme et nombre de neuff vingt douze escuz trante huict soulz six deniers tournois  pour les dicts foaiges de l'an dernier quattre vingt quinze, et du payement luy faire de deux cents quarante troys escuz cinquante un soulz trois deniers obole pour livre pour les foaiges du 1er quar de janvier dernier et fautte du payement d'aultres deniers royaux pour la dite paroisse de Pleiben ou d'argeant dub la dite hostaigerie cy devant de la dicte paroisse à instance du dit Me Rousseau, le dict Rousseau a nommé domicille chez M François Le Corre son procureur en ceste ville de Quempertin et vous respond de la despanses du dit Dumoulin".

Les geoliers de Quimper produisent leur note de dépenses en vue de remboursement.

13 octobre 1596 : "Estats de la despance que les paroissiens de Pleiben doibvent à nous Hélory et Rondel, geolliers aux prisons de Kempertin (...) Item pour la despanse de Jan L'Haridon, de 53 livres. Pour la despanse du Paige 13 livres. (...) Pour la despanse de Guillaume le Moulin 9 livres 10 sols."

Pour parvenir au paiement de ces frais et des dettes contractées pour fouages, les paroissiens de Pleiben se voient contraints d'en arriver à une dure et pénible extrémité, celle de mettre en vente les vases sacrés de l'église paroissiale.

13 octobre 1596 : "Ce dimanche traiziesme d'octobre l'an mil cincq cents quattre vingt et saize au prosne de la grand'messe dominicalle célébrée en l'esglise parroissialle de Pleiben, les paroissiens au fouage contributifs de la dicte paroisse scavoir (...) assemblés pour ouyr l'office divin et disposer de leurs intérêts (...) ont tous par une et universelle voix nommé, créé et institué Jehan le Moulin leur procureur terrien pour procureur exprès et espécial quant affin de mettre et exposer en vante la croix d'argent et les calizes de la dicte paroisse (...) pour estre les deniers quy en proviendront de la dicte vante des dits croix et calizes d'argent mis et employés à payer les debtes des dicts paroissiens tant à Kemper et ailleurs et pour déllivrer les prisonniers estant en misère grave tant au dit Kempertin qu'à Douarnenez".

15 octobre 1596 : "Maistre Claude le Rousseau, je vous avertys que les paroissiens de Pleiben ont payé par les mains de Guillaume Dumoulin leur procureur terrien la somme de neuff vingts ung escuz quarante sols cincq deniers pour leurs quattre premiers moys de la treuffre et pour les moys de may et Juingn, et ce en vertu de l'estat et commission qu'avons baillée pour les astraindre à faire les dicts paiements, ce pourquoy n'avez lieu de différer pour leur dellivrer la quittance et c'est à quoy je vous prye par ce que je promits de leur en délivrer acquit valable et bonne descharge à valloir de la somme de neuff vingts ung escuz quarante sols cinq deniers en ce qu'ils me debvoient et pouvoient debvoir, joint ainsy qu'il est raisonnable qu'ils ayent l'envoi de descharge de vous cy bien qu'ainzy de moy de ycelle somme". 

Archives diocésaines de Quimper et Léon. Bulletin diocésain. Pleyben, contribution à son histoire.

Eléments de contexte : 

"Partout ce n’était que ruines, villages incendiés et déserts, champs à l’abandon faute de paysans pour les cultiver, ceux-ci victimes de massacres, pillages, famine et maladies ou encore dévorés par les loups si l’on en croit certains témoignages de l’époque. La cause de tout ce désastre ? Neuf années d’une guerre mi-civile, mi-militaire, commencée en 1589, qui ne s’éteignit qu’en 1598, mais dont les séquelles se firent encore sentir durant plusieurs années. Cette guerre est restée dans l’Histoire sous le nom de « guerres de la Ligue ». (…) Pleyben, à cause de sa situation à l’intersection de deux axes importants de communications entre le nord et le sud ou l’est et l’ouest de la Bretagne et peut-être aussi à cause du caractère plutôt affirmé de ses habitants qui lui valut son surnom de « rogue paroisse » a bénéficié d’une sorte de « traitement de faveur » en pertes de vies humaines, destructions et humiliations dont il sera question plus loin.

(…)

Chacun ayant choisi son camp, les nobles Bretons, petits ou grands, étaient désormais condamnés à s’affronter. Et l’on s’entre-déchira dans toute la Bretagne à partir de l’été 1589. Ligueurs indépendantistes contre royaux fidèles. On se massacra entre voisins, on se détruisit réciproquement châteaux et récoltes, on se vola bétail et réserves de grains. Incendies de villages et massacres de paysans devinrent monnaie courante… Durant la première année toutes ces horreurs se commirent entre Bretons mais bientôt de nouveaux invités arrivèrent.

(…)

Pleyben aura sûrement vu passer Anglais, Espagnols, Ligueurs et Royaux plus quelques bandes sans étiquette qui tous ont copieusement pillé, incendié et massacré un peu partout dans le pays. Et Pleyben ne fut pas épargnée au point que, ruinée, elle en fut réduite à ne plus pouvoir payer ses impôts et à laisser enfermer ses notables comme otages lorsqu’un semblant de pouvoir, celui du Roi, se fut mis en place à Quimper.

Après un siège en règle la ville de Quimper, tenue par la Ligue, fit sa reddition au Maréchal d’Aumont, commandant des forces royales en Bretagne, suivant un protocole qui fut signé à Quimper le 20 octobre 1594 et approuvé par le Roi à Saint-Germain-en-Laye le 8 novembre suivant. Un semblant de pouvoir émanant du Roi désormais catholique pouvait dès lors s’installer en l’évêché de Cornouaille. Un semblant seulement car, comme on l’a vu plus haut, La Fontenelle, au nom de la Ligue, continuait ses exactions encore un an plus tard, incendiant Trésiguidy et emmenant quelques otages Pleybennois dans son repaire de Douarnenez. Et La Fontenelle n’était pas seul à ignorer le pouvoir royal... Néanmoins, à défaut de pouvoir contrôler le pays sur le terrain, la nouvelle autorité entendit faire usage du droit régalien du souverain : faire payer aux Bretons leurs impôts comme en temps de paix, plus une « cotisation... pour le payement et solde des gentz, de guerre établis en garnison dans ce pays ».

C’est ainsi que la paroisse de Pleyben reçu l’injonction datée de Quimper le 1er mai 1595, signée Rousseau, receveur des deniers royaux, d’avoir à payer « deux cent quatre vingt huit écus à huit deniers pour livre », en deux termes : le premier le 10 mai et le second le 30 septembre sous peine de voir « les plus riches d’entre-vous » contraints d’en faire l’avance ou «emprisonnement de leur personne...». La « cotisation » fut payée en un seul terme semble-t-il car quittance en est donnée le 13 septembre 1595 par le receveur Rousseau.

La cotisation des gens de guerre ayant été payée, non sans difficulté il ne restait plus à la trésorerie paroissiale de quoi payer l’impôt ordinaire du fouage (une sorte de taxe d’habitation due par chaque foyer ou « feu » d’où son nom « fouage ») Conséquences : Thomas Paige (Le Page) est confié aux bons soins du geôlier de Quimper à l’instance du Sieur Rousseau déjà cité le 22 novembre 1595. Quelques mois plus tard, le fouage de Pleyben n’étant toujours pas payé, un autre notable, Jean L’Haridon vint rejoindre Thomas Paige dans sa prison quimpéroise le 16 mars 1596. Toujours pour le même motif, ce fut Me Guillaume Le Moulin qui rejoignait les deux autres le 15 septembre 1596.

Pendant que ses notables, l’un après l’autre, étaient emprisonnés pour cause d’insolvabilité de la paroisse, la dette de Pleyben ne faisait que croître et embellir. Au montant des impôts impayés venaient s’ajouter les frais de garde et de pension des otages, dont les geôliers de Quimper réclamaient le paiement par une « facture » du 13 octobre 1596 : Pour Guillaume Le Moulin 9 livres 10 sous. Pour Jan L‘Haridon 53 livres. Pour Thomas Paige 13 livres.

Enfermée dans la spirale infernale d’un endettement toujours croissant et se désespérant de voir les siens emprisonnés l’un après l’autre, sans perspective de les libérer à court terme faute de ressources qui auraient permis de payer les arriérés, la « rogue paroisse » représentée par son « général » (l’assemblée des chefs de famille) dut se résoudre à l’humiliation suprême : vendre une partie de l’orfèvrerie de l’église pour tenter de soulager la misère de ses emprisonnés. La décision fut prise le 13 octobre 1596 après la grand-messe en l’église paroissiale. Fut mandaté comme « procureur exprès » Jehan Le Moulin afin de « mettre et exposer en vente la croix d’argent et les calices de ladite paroisse étant chez un orfèvre sire Pierre Tanguy demeurant à Kempertin ». A la lecture de ce petit extrait, il semblerait que les objets en question avaient été déposés chez un orfèvre de Quimper peut-être pour les mettre à l’abri d’un pillage toujours possible de Pleyben et de son église. Les deniers qui proviendraient de la vente devaient être employés « à payer les dettes desdits paroissiens tant à Kemper et ailleurs et délivrer les prisonniers étant en misère grave tant audit Kempertin qu’à Douarnenez ».

On découvre ici, au détour d’une phrase, que des Pleybennois étaient prisonniers non seulement à Quimper par ordre du pouvoir royal mais également à Douarnenez. Or Douarnenez, l’île Tristan précisément, c’était le repaire de La Fontenelle. C’est la preuve que ce bandit, lors de son passage à Pleyben en 1595, ne s’était pas contenté de se faire offrir à boire pour ses hommes et d’incendier le château de Trésiguidy mais qu’il avait emmené dans son repaire des otages dont il escomptait tirer rançon.

 

On peut se demander si Pleyben, à cause de l’engagement de nombre de ses paroissiens du côté de la Ligue, n’avait pas « bénéficié d’un traitement de faveur » de la part des « Royaux » lorsqu’ils ont pris le pouvoir à Quimper. Ils avaient quelque peu surtaxé au-delà de ses possibilités de paiement, histoire d’humilier la « rogue paroisse » en faisant goûter la paille humide des cachots à quelques-uns de ses notables les plus riches et les plus en vueCombien de temps Pleyben mit-elle à se relever ? On ne sait pas. Ce que l’on sait, c’est que la santé économique et la prospérité étaient de retour dans les années 1630.

 

Avec l’arrivée des « Guerres de la Ligue » le chantier de construction de l’église de Pleyben, commencé en 1564 sous le rectorat de Maître Alain Kergadalen, fut interrompu. Après à peu près un quart de siècle de travaux, l’édifice était en voie d’achèvement. Restait à achever le porche sud dont on avait seulement réalisé la base. La prospérité retrouvée, les Pleybennois auraient très bien pu faire achever le porche sud de leur église suivant les plans de l’architecte qui avait commencé l’ouvrage. Cela aurait sûrement donne un très beau porche de style gothique comme on peut en voir dans le pays du Léon à Guimiliau, Saint Thégonnec ou Sizun. Les « rogues paroissiens » ont voulu autre chose : une tour plus grande, plus belle, plus haute qu’aucune autre en Bretagne et ils ont fait appel à des architectes qui ont fait de la grande tour Saint Germain comme une vitrine de leur savoir-faire en y plaçant statues, colonnes, lanternes et dômes. Cette grande tour, visible à des kilomètres à la ronde avec ses 48 mètres de haut, n’aurait jamais existé s’il n’y avait eu les Guerres de la Ligue avec leur cortège de ruines, de deuils et d’humiliations. Les hommes qui ont décidé sa construction ont voulu en faire l’expression de leur fierté et de leur orgueil retrouvé après les humiliations subies par leurs pères quelques dizaines d’années auparavant."

Sources : Les guerres de la Ligue en Bretagne. Les malheurs de la guerre à Pleyben. Par Maurice Cornec.

 

Sources des faits chronologiques

 

Lennon

> Maître Mathieu L'HARIDON (1693-1745), sieur de Penguilly et de la Maison Blanche, notaire royal à Lennon (1719-1744). Il est le fils de Jan Baptiste L'Haridon, sieur de Penguilly, et Marie Anne Joncour.

1717 : mariage à Lennon de Mathieu L'Haridon, sieur de Penguilly, de Lennon, et Claudine Le Paige, de Lennon.

1718-1729 : il est le père de 6 enfants tous baptisés à Lennon.

1719-1745 : notaire royal à Lennon

Le plus ancien titulaire connu de cette étude est Me Claude Le Corre, qui exerçait à Lennon avant 1665. En 1719, l'étude passa aux mains de Me Mathieu L'Haridon, sieur de La Maison-Blanche ; après son décès , la charge fut cédée, par acte du 5 mars 1746, à son fils Me Jean François L'Haridon, sieur de Penguilly.

1745 : sépulture à Lennon de Mathieu L'Haridon, notaire royal.

 

***

> Maître Jean François L'HARIDON (1718-1784), sieur de Penguilly, notaire royal à Lennon (1746-1772). Il est le fils de Mathieu L'Haridon, sieur de Penguilly, et Claudine Le Paige.

1738 : mariage à Lennon de Jean François L'Haridon, sieur de Penguilly, et Françoise Magdeleine Le Lièvre.

1740-1750 : il est le père de 8 enfants baptisés pour 5 d'entre eux à Lennon et les 3 autres à Rosporden.

1746-1772 : notaire royal à Lennon 

Après le décès de Me Mathieu L'Haridon, sieur de La Maison-Blanche, la charge fut cédée, par acte du 5 mars 1746, à son fils Me Jean François L'Haridon, sieur de Penguilly.

1784 : sépulture à Lennon de Jean François L'Haridon de Penguilly, âgé de 67 ans.

 

***

Jacques Joachim Joseph L'Haridon et Corentin Marie L'Haridon, 2 frères nés à Lennon, fils de Jean François L'Haridon, sieur de Penguilly, et Françoise Magdeleine Le Lièvre, sont mariés à 2 soeurs Gourhael, originaires de Lanvénégen (56), domiciliées à Rosporden, filles de Thomas Gourhael, notaire et procureur.  >> voir Rosporden

> Maître Jacques Joachim Joseph L'HARIDON (1748-1782), sieur de Penguilly, notaire royal à Fouesnant et Rosporden, marié à Claudine Vincente Ursule Gourhael. 

> Corentin Marie L'HARIDON (1750-1834), sieur de Kernaourlan, marié à Jeanne Marie Gourhael. 

1786 : bailleur d'une perrière d'ardoises au bois de Néolennou (Lennon)

Les ardoisières avaient prospéré, au XVIIIe et au XIXe siècle, dans les localités situées « à une portée de charrette » de Châteaulin et de Port-Launay, où l’on embarquait les ardoises sur des voiliers à destination de Brest, de la Normandie et même de l’Angleterre. (...) Lennon a compté un assez grand nombre de petites entreprises. Le 11 février 1786, l’on voit N.h. Corentin-Marie L’Haridon traiter, en son nom et en celui de l’enfant mineur de feu sieur Jacques Joachim, sieur de Penguilly, avec Yves Yéquel, de Saint-Thois, pour six ans, au sujet d’une « perrière située au bois de Néollenou… en faveur de la somme de douze livres par an par chaque ouvrier que le preneur y emploiera dont le nombre est fixé à cinq, avec une charettée dedites pierres d’ardoises taillées loyales et marchandes, par chaque ouvrier par an attelée de quatre bêtes que le dit preneur s’oblige de fournir annuellement audit sieur bailleur ». (Une paroisse bretonne : Lennon. Par Yves Chaussy)

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